Commentaires marchés – 09/12/2016

Cette semaine a été marquée par la nette victoire du non au référendum italien, et par l'échec des populistes en Autriche. La surprise s'est révélée une nouvelle fois dans la réaction positive des marchés qui décidément semblent voir le verre à moitié plein : le stoxx600 termine la semaine sur une hausse de plus de 4%, aidé par les banques mais aussi par d'autres secteurs notamment cycliques.

Le marché est enfin parvenu à sortir de son range de plusieurs mois par le haut, et le référendum a été un catalyseur : les investisseurs voulaient attendre que cet événement soit passé avant de faire leur entrée sur le marché. Les conséquences de cette sortie de zone de congestion sont importantes, car elles ouvrent un potentiel significatif à court et long terme pour les marchés européens. Les risques politiques sont encore un peu présents, il va y avoir encore un peu d'incertitude en Italie, et les élections en France et en Allemagne seront regardées de près, mais le sentiment qui domine est que l'Europe sort petit à petit de sa crise politique et économique.

La BCE a communiqué dans ce sens, en diminuant les achats d'obligations de 80 à 60Md€ par mois à partir d'avril, tout en prolongeant le programme jusqu'à la fin de l'année 2017. Cette politique n'est pas sans rappeler l'action de la FED quelques mois plus tôt et signifie que la normalisation est en marche même si la BCE ne veut prendre aucun risque. Cette normalisation va en premier lieu toucher les taux souverains qui sont beaucoup trop bas par rapport à leurs niveaux normatifs qui doivent normalement s'aligner sur le potentiel de croissance + l'inflation donc autour de 3,5% en "régime normal".

Le grand cycle obligataire de plus de 30 ans touche donc à sa fin, et devrait correspondre à des flux réguliers vers les actions dont la rémunération (via les dividendes) est bien plus élevée avec un risque raisonnable, au vu des multiples actuels et des anticipations de croissance mondiale supérieures à 3%. Toutefois, malgré une remontée assez rapide dans un premier temps, nous ne pensons pas qu'un choc/krach obligataire se dessine. En effet les anticipations d'inflation restent basse et de puissants moteurs déflationnistes continuent d'exister (technologie, main d'œuvre bon marché dans les émergents) qui vont freiner le potentiel. Une inflation relancée par les matières premières semble aussi exclue, le pétrole est coiffé par l'offre potentielle en gaz et pétrole de schiste, tandis que pour les autres matériaux, un nouveau cycle comparable au cycle d'infrastructure chinois semble exclu.

L'univers qui se dessine est plus celui d'une normalisation progressive des taux, sur fond d'inflation modérée, avec des matières premières qui stagnent plus ou moins aux prix actuels. Tout ceci amène à une convergence probable des flux vers le marché action, qui devrait constituer la classe d'actifs au plus fort potentiel lors des prochaines années, en l'absence de bulle.

Nous pensons que les émergents qui ont été fortement sanctionnés en 2015/2016 et l'Europe qui est au début d'un cycle d'amélioration des profits des entreprises seront les zones géographiques affichant le plus fort potentiel dans les prochaines années. La persistance de taux relativement bas, malgré la remontée récente pourrait se traduire par un cycle beaucoup plus long qu'imaginé aux USA, alors que la croissance du PIB est également en dessous des moyennes historiques.