Notre analyse du 03/06/2017

La semaine s'est écoulée dans une certaine continuité. Le Stoxx600 affiche une hausse de +0,31%, porté par le DAX (+1,75%), tandis que le S&P500 a poursuivi sa progression (+1%), alors que la consommation américaine reste en forte progression. Les indices américains restent portés par la technologie, tandis que les GAFAS affichent record sur record.

Dans le même temps le tempo politique s'accélère, avec le retrait de l'accord de Paris par l'administration Trump qui suscite un tollé international et permet à la Chine de se positionner avantageusement. Mais les marchés ne semblent plus préoccupés par les péripéties politiques pour le moment, et sont en quelque sorte en "roue libre". La question étant jusqu'à quand ? Le potentiel haussier commence a être sérieusement restreint et beaucoup d'indices entrent en zone de sur-achat. Les probabilités de correction commencent à augmenter sérieusement, tandis qu'un "sell in may " a été évité. Cependant nous ne pensons pas que le terme de bulle soit approprié, car même si les valorisations sont un peu tendues elles sont globalement justifiées par les perspectives de croissance des bénéfices des entreprises, qui ont tendance a être revues à la hausse en Europe.

Toutefois des risques commencent à faire leur apparition, et pourraient devenir les catalyseurs d'une consolidation pendant l'été. Le pétrole est l'un de ces catalyseurs, car la tendance baissière est en train de reprendre malgré les mesures de l'OPEP qui paraissent bien insuffisantes par rapport à l'afflux de pétrole de schiste américain. Pour rappel le compartiment pétrolier  représente plus de 10% de la capitalisation boursière du S&P500, et est également très présent en France et au Royaume-Uni. Par ailleurs si le pétrole devait revenir sur les niveaux de début 2016, (30$) des doutes sur le compartiment haut-rendement (high yield) et par ricochet sur le secteur bancaire pourraient de nouveau voir le jour. Pour l'instant le pétrole reste dans un trading range 45-55$ (WTI), valide depuis 18 mois, mais la tendance reste baissière.

Pétrole WTI : DBO, données hebdomadaires

Un autre sujet de préoccupation reste les devises et en premier lieu la paire Euro/USD qui ne cesse de s'apprécier et va finir par pénaliser les secteurs technologiques, aéronautiques, pharmaceutiques, automobiles européens. Cette évolution justifie la meilleure tenue relative du S&P500 par rapport au Stoxx600 ces dernières semaines. Pour autant, si la hausse de l'Euro est contenue pour l'instant,une hausse plus conséquente pourrait devenir un motif sérieux de consolidation des marchés européens. Cette appréciation de l'Euro /USD nous parait inéluctable, du fait du cycle économique européen (haussier) et d'une normalisation probable de la politique monétaire de la BCE en fin d'année 2017.

Parité €/$ : ERO, données hebdomadaires

Le cycle politique européen recèle également encore des dangers : au Royaume-Uni, où la semaine prochaine les élections législatives semblent plus ouvertes que prévu ce qui affaiblit la Livre par rapport à l'Euro et au Dollar, mais également en Italie où un consensus sur une nouvelle loi électorale pourrait provoquer des élections anticipées à l'automne, avec une forte probabilité de scénario "à l'espagnole" c’est-à-dire sans gouvernement faute de majorité.

Enfin, un autre risque reste le marché américain qui est relativement cher et semble ignorer l'affaiblissement stratégique que provoque les actions répétées de l'administration Trump, poison lent qui pourrait finir par avoir ses effets.

Au global les marchés restent très haussiers, mais une correction pourrait avoir lieu pendant l'été.